Où tu caches l'arbre Généralogique et ton permis de couronne maman?

Lavania faisait du ménage, ou faisait semblant de faire du ménage pour espionner sa fille peut-être, ce n'était pas très très clair. Néanmoins, le résultat était le même, voyant que sa fille s'occupait d'accueillir son invitée, elle était passée au salon, restant près histoire d'avoir des nouvelles des von Frayner. (Évidemment!) Bref les motifs derrière l'écoute de Lavania n'était pas très clairs, même pour elle même, car son excuse était "Je suis sa mère, je fais ce que je veux". Bon ça c'était dit!

Ce fut donc sans réelle surprise, mais avec un peu d'amusement que Lavania observa sa fille lui présenter son projet. Un peu maladroitement...

Pendant tout le discours de sa puce, car Elendra avait toujours parlé beaucoup et longtemps, même lorsqu'elle parlait à peine. Dans son berceau d'ailleurs, elle pouvait passer des heures à gazouiller, ce qui avait toujours charmée le coeur de la jeune mère. Si Elendra parlait, tout allait bien!

Bref, pendant tout le discours de sa puce, Lavania observait Luisa hocher de la tête. Elles faisaient une belle paire ces deux là, par chance que ce n'était pas pour faire des mauvais coups! Quoi que, ça viendrait sans doute plus tard... Et il faudrait bien les surveiller, car à les voir aller, elles avaient un sens de la débrouillardise assez accru et beaucoup d'initiative.

Elendra termina son discours en parant presque, lui demandant de lui remettre son arbre "généralogique" et son permis de couronne comme elle disait. Comme si, elle n'était pas venue demander la permission concernant sa scolarité, mais seulement demander les documents nécessaire à son inscriptions, qui serait, selon elle, faite dans la journée.

Alors qu'elle la vit sur le point de partir, suivit de son acolyte von Frayner, Lavania l'arrêta.

Un instant mademoiselle d'Acoma!

Je n'ai pas dit oui. Ton Collège, c'est en France tu sais... Et je dois en parler à papa, c'est très loin! Tu vas habiter où quand tu y seras dis-moi?

Luisa, tu dois savoir ça? Il y a des pensionnat au Collège?

Et Elendra, as-tu posés des questions sur les frais de scolarité? Pas que je m'inquiète pour toi, mais si on t'y envoie toi, tu as 2 soeurs qui vont sans doute vouloir y aller, voire même deux frères et là, je suis pas certaine qu'on puisse... tu sais.

Allons y! Parlons de situation financières devant la von Frayner, pas de soucis!

Reste ici, je vais appeler papa et on va en discuter, dit-elle en se dirigeant vers le couloir pour appeler son époux, plongeant Luisa dans une consultation familiale, dont elle aurait sans doute voulu ne pas faire partie!

Zeiss, mon coeur? Tu peux venir 2 minutes?

Lavania et son mari s'était retirés dans la pièce voisine pour discuter du sort de leur fille aînée. Irait-elle à Saint-Louis? N'irait-elle pas à Saint-Louis?

La jeune mère était réticente à l'idée de l'envoyer là bas, principalement à cause de la situation géographique de cette école. De ce fait, elle aurait bien pris le parti d'être contre l'envoie de sa fille dans cette école réservée aux nobles, cependant son époux avait déjà pris ce côté! Elle aurait dû s'y attendre et ce que son mari disait était tout à faire en accord avec sa personnalité et elle aurait dû y penser.

Elle aurait d'ailleurs même dû être d'accord avec son époux et refuser catégoriquement d'envoyer sa fille si loin! Empêcher sa fille d'aller fréquenter les nobles et apprendre à en être. Cependant, mère et fille n'étaient pas si différente et Lavania savait ce que ressentait sa fille.

Elle savait ce que c'était l'envie d'être comme les grandes Dames, d'être admirée pour ses belles toilettes, ses belles manières et ses goûts raffinés. Chose qu'elle n'avait elle même pas acquises et qu'elle ne pouvait donc pas enseigner et partager avec son enfant.

Or, lorsqu'elle se rendit compte de la position de son époux sur la question, la jeune femme changea d'avis, tenta de protéger sa fille, de la soutenir, de l'aider à obtenir ce dont elle avait toujours rêvé, mais qu'elle n'avait finalement jamais eu. Permettre à sa fille d'être ce qu'elle avait toujours voulu être sans pouvoir y parvenir.

C'est donc avec une voix faible et presque suppliante qu'elle répondait à son époux.

Lavania: On pourrait lui écrire, lui rappeler d'où viennent ses parents... lui montrer nos bans de mariage pour qu'elle comprenne...

Zeiss : Ça servira à rien

Lavania : Je suis certaine qu'elle adorerait ça, c'est pas n'importe quelle noble, c'est notre fille.

Zeiss : Elle reviendra là-bas en regardant de haut les "petites gens"

Lavania : Elle reviendra de là en parlant bien, en marchant bien et en brodant ou je sais pas quoi

Zeiss : Non, en parlant "mieux",en marchant "mieux" et elle parle et marche déjà bien.

Un sourire se dessina alors sur les lèvres de la jeune épouse. Il n'avait pas tort son époux et ses arguments étaient très valable, voire même véridique. Elle parlait et marchait déjà bien leur fille. D'ailleurs la parole était l'une de ses forces, elle qui parlait tout le temps et ce depuis son plus jeune âge.

Oui, je sais, elle est formidable, lui répondit-elle.

Zeiss : La laisser aller là-bas c'est juste risquer de la corrompre, je veux pas qu'elle devienne comme ces petits nobles supérieurs.

Lavania : Moi je lui fais confiance... Bientôt ce sera une dame.

Zeiss: Elle a douze ans, c'est l'âge auquel on commence à façonner sa vraie personnalité,à avoir ses idées.

Lavania : justement on lui écrit et on lui rappelle... d'où elle vient

Zeiss : Des lettres?

Lavania : Oui des lettres

Zeiss : Ce ne sont que des lettres

Lavania: C'est mieux que rien...

Zeiss : À la minute où elle aura lu et ranger sa lettre,on reprendra son "éducation"

Un peu à court d'argument, la jeune femme tenta d'y aller de façon plus sentimentale, or elle savait très bien qu'elle convainquait rarement son époux avec des arguments sentimentaux!

Lavania : Elle veut y aller...

Zeiss : Et moi je veux pas, je laisserai pas des foutus nobles inculquer leurs valeurs tordues à notre fille.

Lavania : Y a des nobles bons... Regarde Sybille.

Ah cette chère Sybille pensait Lavania, c'était toujours à elle qu'elle pensait quand elle parlait d'exception. La gentille von Frayner, la bonne noble.

Zeiss : Ouai, des nobles bons ferment pas leur école aux non nobles.

Lavania : On a travaillé fort... et grâce à ça notre fille pourrait aller dans une très bonne école...

Zeiss : Dans laquelle elle apprendra des mauvais trucs. Pourquoi elle va pas à Belrupt?

Lavania : Elle a 12 ans elle peut pas aller à l'université voyons

Zeiss : Je suis sûr qu'elle y serait acceptée

Lavania : Bien sûr que non, là elle sera avec d'autres enfants et puis je lui fais confiance...

Zeiss : Y a d'autres enfants à Epinal

Lavania, Oui, je sais, mais elle veut aller avec Luisa à Saint Louis.

Zeiss : Si Luisa va apprendre des mauvaises valeurs à Saint Louis c'est son problème

Lavania : Tous les enfants avec qui elles jouent sont nobles de toute façon, elle aura une influense peu importe où elle soit.

Zeiss : Ce sont des enfants

Lavania : Là bas aussi

Zeiss : Là tu veux la laisser aller dans une école où TOUT sera fait pour qu'elle apprennent ces conneries de nobles

Lavania : On sait pas ce qu'ils donnent comme cours... On peut demander à Luisa si elle connait la liste des cours et on voit?

Zeiss : Non,et je veux ni prendre le risque,ni aller vérifier. Ça m'intéresse pas. Une école fermée aux non nobles,j'en sais déjà assez.

Voyant bien que son époux ne changerait pas d'avis de si tôt, la jeune finit par lui laisser la victoire. Elle savait quand une bataille était perdue d'avance et bien qu'elle aime sa fille, elle ne pourrait pas convaincre son époux de l'envoyer là bas. Elle aiderait donc sa fille d'une autre manière.

Lavania : Donc non?

Zeiss : Non

Lavania : T'es prêt à affronter la crise?

Zeiss : Oui

Lavania : D'accord. Et tu sais que c'est notre fille?

Zeiss : Oui

Lavania : Tu vas faire quoi si elle y va sans notre accord?

Zeiss : Je la ratrappe par la peau des fesses et la ramène.

À cette réponse, la jeune femme ne pu s'empêcher de sourire. Il avait du style son mari quand même!

Lavania : D'accord, alors je te laisse lui annoncer la bonne nouvelle. finit-elle par dire en lui indiquant le chemin vers le salon, sortant derrière lui.

La scène qui suivrait ne serait sans doute pas des plus jolies... Et en plus Luisa serait au premières loges pour admirer tout cela... Quelle chance! Après cela, elle allait sans doute rentrer chez elle et dire à sa mère à quel point les d'Acoma étaient fous! Ce n'était décidément pas la bonne journée pour faire bonne impression au près des von Frayner.

Cette petite avait vraiment le caractère de sa mère.Malheureusement pour elle,Zeiss avait eu dix années pour s'entrainer à résister à ça.

SILENCE!

Le mot se répercuta dans la pièce -si ce n'est le manoir- en un écho qui laissa la scène en suspens.

Elendra d'Acoma,retourne toi et regarde moi dans les yeux.

Le jeune homme attendit qu'elle s'exécute et reprit la parole.

Je suis ton père,ne me reparle plus jamais comme ça.Si tu recommence,tu resteras dans ta chambre assez longtemps pour avoir fait le tour de toutes les activités qu'on peut faire seul dans une pièce,et ce au moins une vingtaine de fois si je suis généreux.

Concernant ton collège,poursuivit-il d'un ton beaucoup plus calme,vas-y si tu veux,mais laisse moi te raconter ce qu'il va se passer.Tu iras,peut-être que les parents de Louisa te prendront avec eux.Quand tu arriveras,ils te refouleront,parce que tu n'auras pas ce qu'ils te demandent -car nous ne te donneront pas ces choses.Tu reviendras,et je te ferai regretter amèrement ce départ sans notre autorisation.

Zeiss se tut,laissant le silence régner afin que sa fille imprègne bien dans sa mémoire ce qu'il venait de dire.

J'allais quitter la pièce bien déterminée à ne pas me soucier de la décision de mes parents et à n'en faire qu'à ma tête, lorsque mon papa se mit à crier. Je me figeai alors, un peu effrayée.

Il me força à me retourner et le regarder dans les yeux. Je me retournai donc, regardant mes chausses un moment de peur de regarder les yeux de mon papa. Il était fâché et son regard devait être trop effrayant! Devant son silence, je compris qu'il attendait que je lève les yeux pour poursuivre, ainsi, doucement, je les relevai pour affronter son regard...

Mes genoux tremblaient un peu... Il est effrayant papa quand il veut...

Je ne dis pas un seul mot, écoutant attentivement ce qu'il avait à dire. Il avait l'air... très sérieux... Et moi je n'osais pas dire un seul mot, me contentant d'hocher la tête.

Lorsqu'il eut terminé de parler, je baissai de nouveau les yeux et marmonnai un: « D'accord... »

Je quittai ensuite la pièce en courant pour ne pas que papa voit que je pleurais, laissant Luisa toute seule avec mes parents. Je m'enfermai dans ma chambre en claquant la porte, les parent c'est trop nul! Moi j'allais trouver les papiers tout seul s'ils voulaient pas m'aider!

Lavania était restée en retrait, elle aussi un peu effrayé par le haussement de la voix de son époux. Elle était restée silencieuse, ne s'interposant pas entre son mari et sa fille afin de ne pas aggraver la situation. Surtout que la jeune femme comprenait sa puce, bien qu'elle n'approuvait pas totalement sa réaction.

Une fois qu'Elendra eut quitté la pièce, la jeune mère s'approcha de son mari et posa un main dans le bas de son dos pour l'encourager et le soutenir, lui faisant un petit sourire.

Elle lui murmura finalement:

Je vais aller parler à Elendra dans un moment quand elle se sera calmée.

Et maintenant, il fallait s'occuper de la pauvre Luisa qui avait assistée à toute la scène.

Désolée pour tout ça Luisa... Est-ce que je peux t'offrir le gouter? Ou tu préfères que je te raccompagne chez toi? lui demanda-t-elle un peu mal à l'aise franchement, se demandant surtout ce que Luisa allait raconter à ses parents et de quoi ils auraient l'air devant les von Frayner...